Les espions de Philippe II d’Espagne (1527-1598) : une préfiguration des services secrets modernes
Gaël PILORGET
Le roi Philippe II, un temps Philippe Ier du Portugal, fils de l’empereur Charles Quint (Charles Ier d’Espagne), mit en place, au cours de son règne, un réseau très développé d’espionnage et de renseignement qui contribua à fortifier cet empire[1] sur lequel, comme le voulait la célèbre formule, « jamais le soleil ne se couchait ». L’espionnage occupa sous le règne de Philippe II une très grande place dans la politique royale, notamment dans le cadre des luttes d’influence des empires espagnol et ottoman.
De la même manière qu’il serait aujourd’hui inconcevable qu’une grande puissance ne dispose pas de services de renseignement suffisamment développés pour répondre aux enjeux internationaux qui la concernent au premier chef, au XVIe siècle la monarchie espagnole ne pouvait se passer de réseaux de renseignement proportionnels à son poids politique et aux menaces qui la guettaient de manière permanente.
C’est pourquoi Philippe II maintient, tout au long de ses 42 années de règne, un large maillage de réseaux d’espionnage dans tous les recoins de son empire ; des réseaux en partie hérités de son père Charles Quint et renforcés par sa propre administration. La direction de ces services secrets est assurée par le roi lui-même. Prudent, réservé et même secret, Philippe II, le roi « paperassier » (rey papelero) – qui doit ce nom à l’administration complexe et tatillonne qu’il met en place – manifeste une nette inclination pour les affaires d’espionnage. Conseillé par ses secrétaires du Conseil d’Etat, il conçoit et donne son aval à des missions d’espionnage, approuve ou rejette le recrutement de certains agents secrets, et contrôle tout ce qui concerne la transmission de l’information et l’utilisation des fonds secrets.
A un second niveau, les services secrets de Philippe II sont organisés et contrôlés par ses représentants à l’étranger : les vice-rois, les gouverneurs généraux et les ambassadeurs. Ces lieutenants du roi dirigent les réseaux locaux de renseignement et font parvenir à la Cour les informations glanées par leurs espions. Ces ministres de Philippe II n’agissent souvent que comme une simple courroie de transmission entre les agents et les véritables cerveaux de l’espionnage royal, les secrétaires du monarque, grands et fins connaisseurs des méandres de la diplomatie secrète, grâce à des relations directes avec les espions.
Les différents types d’agents
Au dernier échelon, se trouvent les espions et les informateurs. Les motifs qui poussent un homme du XVIe siècle à s’enrôler dans les services secrets sont très variés, mais pas très différents de ceux que nous connaissons aujourd’hui. Depuis ce que l’on peut considérer comme des raisons de type idéologique ou religieux, en passant par des motifs personnels, (comme la recherche d’une réhabilitation ou d’une vengeance) jusqu’à la motivation la plus commune de toutes : la simple cupidité. Les services d’espionnage attirent de simples opportunistes, des personnes sans scrupules qui voient dans les activités secrètes une manière de gagner leur vie – parfois très commodément, même si cela suppose de vivre dangereusement – en accédant de plus à une fonction sociale difficile à obtenir d’une autre manière. Il s’agit souvent de marginaux, d’individus louvoyant entre deux mondes, comme les « renégats », ces chrétiens capturés par les Turcs ou les pirates berbères, qui se sont convertis à l’islam pour être mieux traités durant leur captivité. Nombre de ces informateurs tentent de tirer profit de l’un et de l’autre camp, la figure de l’agent double apparaissant donc très fréquemment.
Parmi les personnes qui se consacrent à l’espionnage, on peut distinguer différentes catégories selon leurs fonctions ; les services secrets espagnols sont en effet, dès cette époque, très organisés, suivant des catégories précises de « personnels ». Ainsi, nous trouvons les « agents », dont l’activité se rapproche le plus de l’image habituelle que nous avons des espions ; les « correspondants » qui font parvenir des renseignements depuis un lieu déterminé, mais de manière occasionnelle ; les « agents retournés », individus du camp ennemi que l’on soudoie pour qu’ils deviennent des agents doubles ; les espions « forcés » qui se trouvent impliqués dans des activités secrètes de par des liens personnels ou de parenté avec un agent ; et les agents de liaison, qui sont responsables de fournir protection et sécurité aux espions quand ils les introduisent en territoire hostile.
Le cas Acuña
Le cas de l’espion Martín Vázquez de Acuña, exécuté le 5 février 1585, illustre très bien le fonctionnement des services secrets de l’époque, l’impact de la diplomatie secrète dans des épisodes historiques déterminants (comme l’amorce des trêves entre les empires turc et espagnol), les motivations des espions, les loyautés ambigües qu’ils entretiennent avec leurs « hiérarchies », les risques de s’aventurer trop loin dans le monde tortueux de l’espionnage, les tensions au sein des différents réseaux d’espions et le rôle des chefs du renseignement dans le contrôle des activités de leurs agents.
La carrière d’espion d’Acuña commence 10 ans avant son fatal dénouement à Pinto. En 1574, Martín de Acuña, cadet d’une famille noble de Valladolid, commande les forces qui se portent au secours de la forteresse nord-africaine de la Goulette, près de Tunis, menacée par les Turcs. Cervantès lui-même relate dans le Quichotte la défense et la chute de La Goulette dans le fameux récit du captif, récit éminemment autobiographique (chapitre 34). Ce à quoi Cervantès ne fait pas allusion, ce sont les graves soupçons de trahison et d’infiltration de l’espionnage turc qui entourent cet épisode et qu’Acuña dénoncera par la suite.
Peu avant que Cervantès ne soit fait prisonnier par les corsaires algériens, Martín de Acuña, comme des centaines de prisonniers capturés à La Goulette et Tunis, est conduit à Constantinople, capitale de l’empire ottoman. Sa captivité dure à peine 9 mois, car sa famille paye la rançon, et il est libéré au milieu de l’année 1575. Pourtant, Acuña reste encore un mois et demi à Constantinople, où il se consacre à envoyer des avisos (les informations qu’envoyaient les espions) et à dénoncer les activités d’agents turcs infiltrés dans les possessions espagnoles ainsi que l’existence d’agents doubles dans le réseau d’espionnage méditerranéen du roi d’Espagne.
A son retour en Espagne, en 1576, il se présente comme un spécialiste du renseignement en Méditerranée orientale et est reçu par le secrétaire d’Etat, Antonio Pérez, alors au sommet de sa carrière politique et de son influence à la Cour, et qui, étant donné sa position et ses indubitables dons personnels pour la fonction, dirige personnellement l’espionnage en Italie et dans le bassin méditerranéen.
Acuña lui expose un plan plutôt intrépide visant à mettre le feu à la flotte turque dans le port même de Constantinople. Le projet se nourrit du souvenir de la destruction quasi complète de l’arsenal de Venise en 1569, événement qui se révèlera très opportun pour les Turcs, qui, un an plus tard, lanceront une attaque contre l’île de Chypre, possession vénitienne, qui sera conquise par le sultan Selim II (1566-1574). Cette attaque provoquera la création de la Sainte Ligue, unissant Venise, l’Espagne et la Papauté ; c’est là l’alliance qui remportera la célèbre victoire de Lépante en 1571.
Philippe II approuve le projet d’Acuña et précipite le départ de l’agent pour Naples où, avec l’aide du vice-roi, celui-ci doit organiser tous les détails du projet pour le mener à bien. On accorde à Acuña 40 écus mensuels de salaire, plus 500 autres pour le voyage. A Naples, on lui en remet 3 000 autres pour la réalisation de l’entreprise. La structure pyramidale des services secrets de Philippe II transparaît dans le fait que la mission et l’agent lui-même soient imposés par la Cour aux autorités espagnoles en Italie. Juan de Zúñiga, ambassadeur à Rome, le duc de Sessa, général des galères, et le marquis de Mondéjar, vice-roi de Naples, désapprouvent pourtant le recrutement d’Acuña dans le cadre d’une entreprise aussi risquée, déclarant ouvertement la mauvaise opinion qu’ils ont de sa personne. Néanmoins, ce sont les dirigeants « centraux » du renseignement espagnol qui ont le dernier mot.
Le courrier et le chiffre
Un des aspects fondamentaux pour le bon fonctionnement des services secrets est la transmission, sûre et exacte, des informations obtenues par les espions. Au XVIe siècle, ce travail est réalisé par le correo (courrier) et l’utilisation du « chiffre » (la cifra).
Philippe II s’appuie sur un système complexe de courrier géré par la famille Tassis. Aux énormes efforts économiques et d’organisation qui lui sont consacrés, s’ajoutent les difficultés propres à un service qui, en substance, n’a pas varié depuis l’époque romaine et qui doit toujours couvrir d’énormes distances. Les attaques et assassinats de « courriers » et surtout la volonté, de la part de différents notables locaux, d’accéder à de hautes charges – comme celle de correo mayor (grand responsable du « courrier ») d’une ville déterminée – sont très fréquents dans l’Europe de la Renaissance. Cela en fait un authentique champ de bataille des divers services secrets pour le contrôle de l’information.
La nécessité de préserver le secret mène les services d’espionnage à utiliser un langage codé, connu des seuls émetteurs et récepteurs des messages confidentiels. La cryptographie, discipline qui étudie le « chiffre », vit un véritable âge d’or tout au long du XVIe siècle, tant au niveau de la réflexion théorique – avec des figures comme J.-B. Porta et León B. Alberti – qu’au niveau des applications pratiques, avec d’illustres déchiffreurs comme Pietro Partenio à Venise, François Viète en France et Luis Valle de la Cerda en Espagne.
Les agents doubles
En janvier 1577, escorté par une dizaine de compagnons, parmi lesquels un prêtre orthodoxe lui servant de guide, Acuña traverse le détroit d’Otrante jusqu’à Corfou, assisté par l’agent de liaison chargé d’orienter et de contrôler les espions qui vont et reviennent d’Orient, Pedro Lance ; celui-là même qui, des années plus tard, jouera un rôle fondamental dans l’arrestation et l’exécution d’Acuña. Après avoir débarqué en Grèce, et être passé par Edesse, il atteint Constantinople fin février.
Dans la capitale ottomane, Acuña est accueilli par le réseau de renseignement dirigé par le commerçant Aurelio de Santa Cruz, personnage soupçonné, comme pratiquement la totalité des membres de son réseau, d’être un agent double. La mission initiale d’incendier au port la flotte turque se révèle être un fiasco : à son retour à Naples, Acuña peut à peine démontrer qu’il a mis le feu à un petit galion. Par contre, plusieurs de ses hommes sont arrêtés immédiatement, que ce soit sur dénonciation de l’ambassadeur vénitien à Constantinople, par le « mouchardage » d’un membre du réseau lui-même, voire en raison de l’indiscrétion avec laquelle agit Acuña lui-même.
Le fait est que, pour sauver la vie de ses compagnons, Acuña se présente devant le vizir du sultan Mourad III (1574-1595), Mehemet Sokobi, muni de lettres de créance falsifiées qui font de lui l’envoyé spécial de Philippe II ayant mission de conclure les termes d’une trêve. Les conversations entre Acuña et le vizir, durant le mois de mars 1577, ont été l’objet d’une grande controverse et de nombreuses interrogations. Mais quand l’agent revient à Naples en avril, s’est déjà répandue à travers la ville, ainsi qu’à Rome et à Venise, la surprenante nouvelle de ce que la flotte turque ne partira pas en campagne cette année-là, car Acuña a négocié une trêve entre les deux empires.
L’impact de la nouvelle est immense, car cela suppose pour l’Espagne d’être libérée du pesant fardeau économique que représente la lutte contre l’emprise turque en Méditerranée, précisément à une période durant laquelle les finances espagnoles continuent de payer les conséquences de la banqueroute de 1575, et alors que l’on négocie par ailleurs en Flandres une issue à la guerre menée contre les protestants[2]. Le Pape, qui verse d’importantes donations pour mener la guerre contre l’infidèle, menace de couper cette indispensable manne pour les finances de l’Espagne si la trêve devient réalité. Les Vénitiens, méfiants, et l’empereur d’Autriche craignent que le retrait du « bouclier espagnol » les laisse seuls face aux Turcs en Méditerranée et en Europe centrale.
Philippe II ne veut pas perdre la face en donnant l’image d’avoir demandé la paix au sultan ; il souhaite donc que la trêve soit limitée à un armistice secret, sans échange d’ambassadeurs entre les deux puissances. Acuña, qui s’est trop compromis dans l’affaire par les promesses qu’il a faites à Mehemet Sokobi, est écarté des négociations suivantes, sous le prétexte fallacieux qu’il est malade. On envoie à sa place le milanais Giovanni Margliani, qui réussit à prolonger l’armistice jusqu’en 1581, puis obtient ensuite une trêve de trois ans, jusqu’en 1584.
L’absence d’attaques turques en Méditerranée permet à Philippe II de se consacrer à la succession du trône du Portugal à partir de 1578, et de préparer la future annexion du pays voisin, laquelle se fera en 1580. En Flandres, l’Espagne reprend l’initiative avec une série de victoires qui culminent avec la prise d’Anvers en 1585. L’impact de la mission d’Acuña à Constantinople a donc eu d’énormes effets sur la politique globale de la monarchie espagnole. C’est dans doute en signe de reconnaissance qu’en 1579, Acuña est introduit, ce qui est un honneur très recherché, au sein de l’ordre prestigieux de Santiago[3].
Mais le réseau d’espionnage d’Orient, d’une loyauté douteuse, est profondément affecté par les conversations d’Acuña avec le vizir : durant les mois et années qui suivent, des personnages comme Santa Cruz tenteront l’impossible pour ne pas perdre le rôle qu’ils ont joué jusque-là dans le contexte oriental, que cela soit en s’attribuant le mérite de l’accord, en s’immiscant dans les négociations, ou en entravant les démarches de Margliani. Il est probable que l’intuition de ces agents leur ait fait comprendre que l’époque dorée où ils jouaient un rôle de premier plan et jouissaient de salaires très généreux est en train de prendre fin. Là comme ailleurs, on peut mesurer combien des éléments des services secrets peuvent devenir des obstacles aux intérêts de la puissance qu’ils sont censés servir, quand ils entrent en conflit avec les intérêts du réseau lui-même.
Une mort mystérieuse
Quant à Acuña, il semble bien qu’il ait refusé de se voir relégué à l’arrière-plan après avoir été au centre des enjeux. C’est là un trait psychologique qui affecte de nombreux espions pour lesquels la récompense financière ou l’ascension sociale ne sont pas suffisantes : ils recherchent de plus la satisfaction narcissique d’être au cœur de choix décisifs et de lourds secrets d’Etat. Après l’annexion du Portugal, Acuña, sous le faux nom de Pero Rondela, entre en contact avec l’ambassadeur français Saint-Gouard, avant d’intégrer l’équipe d’espions de son successeur, Longlée. Mais Acuña offre aux Français bien plus de vagues promesses de révélations que des renseignements pertinents. Quand il est arrêté en juin 1584, Longlée craint fortement qu’on n’ait découvert ses contacts secrets avec le gentilhomme espagnol.
Mais, même s’il est probable que ces contacts étaient connus et aient pesé dans l’arrestation et l’exécution d’Acuña, il apparaît que c’est bien davantage l’interception de lettres d’Acuña adressées à l’amiral de la flotte turque – Euldj Alí (el Luchali dont parle Cervantès dans le passage du Quichotte déjà mentionné), ennemi déclaré des trêves – qui a dû être fatale à Acuña. Son arrestation se produit à une période où le renouvellement des accords turco-espagnols est à nouveau d’actualité. La plainte contre Acuña provient, on l’a vu, de ce Pedro Lance qui supervisait l’espionnage en Orient ; elle reçoit l’aval de Juan de Zúñiga, conseiller influent de Philippe II, qui connaît bien les affaires orientales pour avoir été ambassadeur à Rome et vice-roi de Naples, précisément à la période où se négociait la première trêve. C’est pour cela que, même si la sentence qui condamne Acuña est toujours demeurée secrète et même si l’on ne sait toujours pas avec certitude de quoi on l’accusa précisément, tout indique qu’Acuña s’était trop exposé dans ses missions d’espionnage pour que ses chefs ne voient pas en lui une menace.
Le bilan contrasté de l’espionnage espagnol
Les succès des services secrets de Philippe II peuvent être ainsi listés :
- sept tentatives d’assassinat du roi ont été comptabilisées ; nombre d’entre elles ont été avortées grâce aux services secrets ;
- l’obtention d’une carte indiquant les colonies huguenotes en Floride ; leur postérieure destruction par Pedro Méndez de Avilés en 1565 ;
- le renseignement a autant contribué à la victoire navale de Lépante (1571) que les choix stratégiques ; la Sainte Ligue y vainc la flotte ottomane, laquelle perd la plus grande partie de ses navires, ainsi que 30 000 hommes ;
- la signature des trêves avec le sultan ottoman négociées depuis 1577 ;
- l’espionnage, le « retournement » d’agents et le soudoiement ont joué un rôle-clé dans l’annexion du Portugal en 1580 ;
- la capture du prétendant à la Couronne portugaise, Antonio de Crato, qui parvient à s’enfuir en achetant ses geôliers, mais sera toujours entouré de « taupes » au service de l’Espagne durant son exil en Angleterre ;
- le « retournement » au bénéfice de l’Espagne de l’ambassadeur permanent d’Isabelle Ière d’Angleterre, sir Edward Stafford, et de l’ambassadeur français, le baron de Châteauneuf, à l’époque de l’Invincible Armada[4] ;
- l’échec des attaques anglaises de 1589 contre l’Armada et de l’expédition aux Caraïbes d’Hawkins et de Drake, en 1595.
Quant aux échecs des services de Philippe II, ils sont, entre autres, les suivants :
- la perte de la forteresse tunisienne de La Goulette en 1574, favorisée par la trahison de soldats espagnols « retournés » par l’espionnage turc ;
- le vol d’un plan d’opérations de la Grande Armada et les premières informations triomphalistes au sujet de victoires sur la flotte anglaise ;
- peu de déchiffrages cryptographiques ;
- l’incapacité à capturer et assassiner Antonio Pérez, qui fuit l’Espagne après avoir trahi la Couronne ;
- l’intervention en France, à partir de 1589, afin de placer, avec le soutien de la Ligue Catholique, l’infante Isabel Clara Eugenia sur le trône de France ou, tout du moins, d’empêcher Henri de Navarre, futur Henri IV, d’y accéder.
- [1] Sous le règne de Philippe II, l’empire espagnol compte, outre la péninsule ibérique (l’Espagne et le Portugal, « espagnol » de 1580 à 1640, de même que ses dépendances coloniales), les possessions d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, mais également la Sardaigne, la Sicile, le duché de Milan, Naples, le Roussillon et la Cerdagne, les Flandres et la Franche-Comté ; enfin, le roi Philippe (encore Infant à l’époque) a donné en 1521 son nom à un nouveau territoire, asiatique cette fois, conquis pour l’Espagne par le Portugais Magellan : les Philippines.
- [2] La guerre des Flandres sera pourtant perdue par Philippe II en 1581, quand les provinces protestantes du Nord proclameront leur indépendance sous la dénomination des « Provinces unies », ancêtre des Pays-Bas. Quant aux provinces du sud, elles formeront par la suite la Belgique.
- [3] Ordre de Santiago : ordre religieux et militaire créé au XIIe siècle, dont le propos était, d’une part, de protéger les pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle (Santiago de Compostela) et, d’autre part, d’expulser les Maures de la péninsule ibérique.
- [4] Invincible Armada : nom de la flotte que constitue Philippe II en 1588 afin d’attaquer et envahir l’Angleterre. Elle connaîtra une cuisante défaite, ce qui amènera naturellement l’Europe de la fin du XVIe siècle à douter de son qualificatif ; cette célèbre défaite est l’un des premiers symboles de la lente déchéance de l’empire espagnol. Il est à noter par ailleurs que le terme « armada » n’a en espagnol qu’une connotation maritime (celle d’une flotte imposante), et ne renvoie nullement à l’acception du terme en français.