Venezuela : arrestation du parrain du plus important cartel colombien
Alain RODIER
Le 4 juillet, les services de renseignement bolivariens et le Bureau national antidrogue vénézuéliens, renseignés par la Serious Organised Crime Agency (SOCA) britannique, ont appréhendé le parrain le plus important de Colombie : Carlos Alberto Renteria Mantilla, alias « Beto Renteria ».
Depuis l'arrestation, le 10 septembre 2007, de son prédécesseur Diego Leon Montoya Sanchez – alias « Don Diego » – et son extradition vers les Etats-Unis, le 12 décembre 2008, Beto Renteria était à la tête du Cartel del Norte del Valle qui est l'organisation criminelle la plus importante de Colombie, si l'on excepte les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) dont les leaders marxistes prétendent toujours poursuivre des buts politiques tout en se livrant au trafic de drogue pour financer « la révolution ».
Beto Renteria était recherché dans son pays d'origine pour port illégal d'arme, fabrication et distribution de drogue. Les Etats-Unis ont mis sur sa tête une récompense de cinq millions de dollars pour trafic de cocaïne. En tant que chef du Cartel del Norte del Valle, il devrait vraisemblablement répondre également d'accusations de meurtres.
Fort adroitement, il avait monté un système de blanchiment d'argent via des sociétés de couverture oeuvrant dans l'import-export, le tourisme, la santé et l'agriculture. Se sachant activement recherché, il aurait subi une opération de chirurgie plastique. De plus, il ne mettait pour ainsi dire plus les pieds en Colombie, passant son temps entre le Venezuela et l'Argentine. Une partie de ses biens financiers légalement déclarés a été saisie aux Etats-Unis et en Colombie.
C'est sans doute cette position d'homme acculé[1] qui a poussé Caracas à l'appréhender. Généralement le président Hugo Chavez offre le meilleur accueil, pour des raisons idéologiques, à toute personne qui s'oppose aux « Yankees » et à leurs alliés colombiens. La suite des évènements va être intéressante : Chavez va-t-il autoriser l'extradition de ce criminel ou s'en servir comme monnaie d'échange ?
Par contre, sur le terrain, il est possible qu'une guerre sanglante éclate au sein du Cartel del Norte del Valle, car aucun leader charismatique ne semble actuellement être capable de prendre la relève. Il est même possible que l'organisation implose en une multitude de petits groupes criminels.
- [1] Ajouté au fait que le président colombien Alvaro Uribe, l'ennemi intime de Hugo Chavez, vient de quitter le pouvoir car la constitution lui a interdit de briguer un troisième mandat (il était au pouvoir depuis août 2002 et avait été réélu le 28 mai 2006). Hugo Chavez tente de faire les « yeux doux » au nouveau président, Juan Manuel Santos, un ancien ministre de l'Intérieur du président Uribe.