Les ennemis de l’Etat hébreu
Alain RODIER
Israël doit faire face actuellement à trois types de menaces. La première est représentée par les Palestiniens dont certains souhaitent encore la disparition de l'Etat juif ; d'autres plus pragmatiques se sont résignés à ne demander que la constitution d'un Etat palestinien à côté d'Israël. La seconde provient de la Syrie et de l'Iran qui soutiennent ouvertement le Hezbollah libanais, mouvement libanais chiite officiellement inscrit sur le liste des mouvements terroristes par Washington. Ces deux premières menaces sont de type terroriste et insurrectionnelle et ne peuvent engager que des moyens militaires limités (armes d'infanterie, explosifs, missiles sol-sol de courte portée, drones, etc.), En revanche, une autre est plus inquiétante : elle réside dans la capacité probable de Téhéran de mettre en oeuvre des armes de destruction massive, et plus particulièrement, de se doter de l'arme nucléaire.
Les organisations palestiniennes
L'Organisation de Libération de la Palestine (OLP)
Ahmed Shukeiry crée le 25 mai 1964 l'Organisation de libération de la Palestine avec l'appui de l'Egypte de Nasser sous la houlette de l'URSS. Son idéologie est alors le marxisme-léninisme et son exigence la création d'un Etat palestinien et la disparition totale d'Israël. La structure militaire de l'OLP baptisée Armée de libération de la Palestine (ALP) est alors sous le contrôle direct des services spéciaux égyptiens. Cependant, après la guerre des Six-jours (1968), le Caire perd le contrôle de l'ALP. Yasser Arafat, chef du Fatah, le principal mouvement politique au sein de l'OLP, prend en 1969 la direction du comité exécutif de cette organisation et s'installe en Jordanie. Sous le couvert de groupuscules aux appellations diverses, l'OLP se livre alors à de nombreux actes terroristes dirigés contre les intérêts israéliens, aussi bien au Proche-Orient qu'en Europe. Cette manière d'opérer est accueillie diversement dans les pays arabes. Ainsi, Amman qui tient à garder une certaine neutralité dans le conflit israélo-arabe, décide d'expulser les palestiniens de l'OLP 1 en 1970-71. Cette opération, qui fait suite au détournement et à la destruction de quatre avions de ligne par le Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), portera le nom de « Septembre noir ». Yasser Arafat rejoint alors le Liban.
Après la guerre du Kippour (1973), un certain nombre de membres du Fatah quittent le mouvement pour créer leur propre organisation : le groupe Abou Nidal dit aussi Fatah-Conseil Révolutionnaire.
En 1974, l'OLP obtient le statut d'observateur à l'ONU après que Yasser Arafat y ait fait un discours remarqué, le revolver à la ceinture ! Un point positif cependant, les activités terroristes de l'OLP diminuent en intensité et, pour la plupart, se limitent désormais au territoire israélien. La communauté internationale peut souffler.
En 1982, les Israéliens chassent l'OLP de Beyrouth. La direction du mouvement se réfugie à Tripoli, dans le nord du Liban. En 1983, les hommes d'Abou Moussa, proche de la Syrie, rejettent l'OLP hors du Liban. L'organisation s'exile alors en Tunisie et au Yémen du Nord. Certaines de ses composantes en profitent pour prendre leurs distances avec Yasser Arafat, comme le FDLP et le FPLP. Par la suite, ces mouvements perdront peu à peu leur influence au profit des organisations islamiques et du Fatah.
En 1988, l'OLP annonce officiellement son renoncement au terrorisme et reconnaît explicitement Israël, mais de nombreux groupes continuent en sous-main le combat : le Fatah, la Force 17, le Groupe Haouari, le Front de Libération de la Palestine (FLP, mouvement soupçonné à l'époque d'être soutenu par les services secrets irakiens) et le FPLP.
En 1989, le QG de l'OLP quitte Tunis pour Bagdad car Yasser Arafat soutient le dictateur irakien lors du premier conflit du Golfe. Après la défaite de l'Irak, l'OLP perd le crédit qu'elle avait su acquérir auprès de nombreux pays arabes modérés et des Occidentaux. En revanche, les islamistes présents dans les territoires occupés augmentent leur influence. Cependant, les accords de septembre 1993 et de mai 1994 permettent à Yasser Arafat de revenir sur le devant de la scène internationale. Il est autorisé à revenir à Gaza en juin 1995. L'opposition à Yasser Arafat se regroupe alors sous l'appellation de l'Organisation du commandement national unifié. On y trouve : le FPLP-CG, le Djihad islamique palestinien, le Hamas, le FDLP, le Fatah-Intifada, le FLP, le Parti communiste palestinien et le mouvement Al-Saïqa. Pour sa part, l'OLP forme le noyau central de la nouvelle Autorité palestinienne et les élections de 1996 amènent officiellement Yasser Arafat à la tête de cette organisation avec 89 % des suffrages exprimés. Il est alors simultanément président de l'Autorité palestinienne, de l'OLP et du Fatah !
A côté des négociations politiques avec l'Etat hébreu, Yasser Arafat soutient en sous-main les deux « Intifada ». La première a eu lieu de 1987 à 1992 ; la deuxième débute le 28 septembre 2000, après la visite d'Ariel Sharon, alors président du Likoud, au Mont du Temple à Jérusalem. Cette insurrection entraîne dans le combat les activistes islamiques palestiniens. La mort de Yasser Arafat en 2004 amène Mahmoud Abbas – alias Abou Mazen – à la direction de l'OLP, mais ce dernier n'a aucune autorité sur le Djihad islamique et le Hamas. Cependant, il réussit à maintenir un semblant de calme, les organisations islamiques ayant accepté de respecter une trêve temporaire à partir du 17 mars 2005 2 .
Le Fatah (Conquête)
Le Fatah est créé en 1959 au Koweït par cinq jeunes Palestiniens en exil dont Yasser Arafat. A l'origine, ce mouvement prône la lutte armée. Dès 1961, Yasser Arafat en est le porte-parole. En 1967, le Fatah devient la principale composante de l'OLP. Les destins de l'OLP et du Fatah seront alors indifférenciés. Cependant, son bras armé appelé par Israël les « Tanzim » (« organisation ») reste actif. En fait, il s'agit des « Panthères noires » qui agissent en Cisjordanie et des « Faucons » rebaptisés « Brigades Abou Rish » opérant dans la bande de Gaza, particulièrement dans la région sud de Khan Younes. Aujourd'hui, cette branche militaire continue à jouer un double jeu : d'une part, elle participe à la constitution des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne ; d'autre part, elle mène parfois des actions terroristes. Sur le plan politique, les dissensions sont nombreuses et complexes au sein même du Fatah. La « jeune garde » s'oppose de plus en plus à ceux que l'on appelle les « Tunisiens », en référence à l'exil forcé des leaders de l'OLP à Tunis de 1983 à 1989, qui sont particulièrement accusés de corruption et de népotisme.
Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa ou Organisation de Libération Nationale palestinienne
Les Kataeb Shuhada Al Aqsa sont apparues juste après le début de la seconde Intifada en 2000. Il s'agirait en fait d'une branche secrète des Tanzim créée par Marwan Ben Hatib Barghouti, le secrétaire général du Fatah en Cisjordanie et le chef de l'appareil militaire du Fatah. Il est arrêté en avril 2002 et condamné à la prison à vie assortie d'une peine de sûreté de 40 ans. Le responsable opérationnel pour la Cisjordanie est Zacharia Zoubeïdi. Une grande partie du financement de cette organisation transiterait actuellement par l'intermédiaire de Mounir Mouqdah, membre du Fatah résidant au camp d'Ain al-Hiloué, au Liban. Selon certaines rumeurs, cette personne entretiendrait des relations étroites avec le Syrie et l'Iran.
Il a été constaté que les Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa bénéficient une très grande autonomie au sein du Fatah. Pour leurs opérations, elles agissent désormais en coordination étroite avec les branches armées du Hamas et du Djihad islamique. En dehors des attentats classiques anti-israéliens, elles se livrent également à l'élimination de « traîtres » ou de « corrompus » palestiniens comme celle de Hisham Miki, le directeur de la télévision palestinienne, assassiné en janvier 2001. Fin 2004, Abou Mohamed, le porte parole des Brigades dans la bande de Gaza a annoncé qu'elles changeaient de nom à la suite de la mort du Raïs : elles devraient désormais se nommer les Brigades du martyr Yasser Arafat.
Le « Front armé de l'armée populaire, Bataillons du retour » apparu lors de la seconde Intifada, fait désormais partie intégrante des Brigades d'Al-Aqsa.
Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP)
Créé en 1967, membre de l'OLP depuis 1968, le FPLP est opposé aux accords d'Oslo. En conséquence, il n'est pas présent au sein de l'Autorité palestinienne.
Fondé par Georges Habache, palestinien de confession chrétienne en 1967, ce mouvement était marxiste-léniniste à l'origine. Il s'est fait connaître par de nombreuses actions terroristes spectaculaires dont des détournements d'avions au cours des années 1970/80. C'est en particulier ce mouvement, qui, en coopération avec la bande Baader-Meinhof, a détourné un appareil sur l'aéroport d'Entebbe en Ouganda en 1976. La prise d'otages avait alors été réglée par une opération commando audacieuse israélienne.
Son secrétaire général, Abou Ali Moustafa, est victime d'une opération ciblée en août 2001. En réponse, le bras armé du FPLP assassine le ministre du tourisme israélien Rehavan Zeevi. Pour ce fait, Ahmed Saadat, le nouveau secrétaire général est incarcéré par l'Autorité palestinienne au début 2002, à Jéricho, d'où il continue à diriger son mouvement.
La branche armée du FPLP est les « Brigades Abou Ali Moustafa » : elles se livrent à de nombreux attentats suicide contre les intérêts israéliens. Cependant, le FPLP a perdu beaucoup de son importance au profit du Fatah et des mouvements islamiques palestiniens.
Le Front démocratique populaire pour la libération de la Palestine (FDLP)
Le FDLP est un mouvement d'obédience marxiste-léniniste né en 1969 d'une scission au sein du FPLP. Son chef était alors Nayef Hawatmeh. Longtemps, ce mouvement a eu une politique ambiguë, prônant la destruction d'Israël mais acceptant également de négocier avec l'Etat hébreu à partir de 1971. Aujourd'hui, sa position n'est toujours pas claire. Il a renoué avec l'Autorité palestinienne mais poursuit ses activités anti-israéliennes dans les territoires occupés.
Le Hamas (Harakat Al Moukawama Al Islamiya/Mouvement de la résistance islamique)
Le Hamas est issu du mouvement sunnite Al-Moujamma al-Islami créé en 1967 par le cheikh Ahmed Yassine. Cette organisation servait de couverture aux activités des Frères musulmans dans les territoires occupés. Le Hamas voit officiellement le jour le 14 décembre 1987, lors de la première Intifada, et se positionne dès lors comme le principal rival de l'OLP. Il réclame la création d'un Etat palestinien islamique couvrant Israël et les territoires palestiniens. Il se définit aussi comme anti-occidental. Il prône une lutte armée, employant quand il le faut des kamikazes. Il s'ingénie à monter une structure socio-politique puissante et efficace dans les territoires occupés et dans la bande de Gaza, ce qui lui vaut un soutien populaire important. Après la première guerre du Golfe, comme le Hamas s'était publiquement déclaré contre le régime de Saddam Hussein – à la différence de Yasser Arafat – une grande partie des fonds saoudiens qui allaient jusque là à l'OLP lui sont alors attribués. Des affrontements particulièrement sanglants ont alors lieu avec l'OLP. Après les accords d'Oslo de 1993 qu'il rejète, il reperd du terrain au sein de la population palestinienne. Il déclenche de nombreuses opérations terroristes, dont l'attaque kamikaze d'un bus à Haïfa (16 tués), revendiqué par une « brigade des martyrs de Jenine » qui en réalité, n'est qu'une appellation de plus du Hamas destinée à brouiller les pistes. Son chef historique, le cheikh Yassine est victime d'une « élimination ciblée » en 2004. Son successeur, l'extrémiste Abdel Aziz Al-Rantissi connaît le même sort quelques temps plus tard. Pour cette raison, le mouvement ne livre plus l'identité de ses responsables. Cependant, certains sont connus comme Mohammed Deif (l'artificier du mouvement, recherché depuis plus de 10 ans), Mahmoud Zahar (le porte-parole du mouvement), Ibrahim Ghousheh, Mahmoud Abou Hanoud, Izz el-Deen al Cheikh Khalil, Abou Moussa Marzuq, le Cheikh Hassan Youssef, représentant de l'organisation en Cisjordanie, etc. Son représentant à l'étranger est Khaled Mechaal qui se trouve au Qatar après avoir dû quitter la Syrie. Le représentant du Hamas à Téhéran est Imad Al-Alami.
Actuellement, la branche militaire du Hamas est composée de petites cellules indépendantes, qui comptent un millier de combattants aguerris. Elle se divise en deux mouvements :
- les Brigades Ezzedine al-Qassam, créées en 1989,
- le Jihad Aman, qui peut être comparé à un service de sécurité intérieure notamment chargé de l'élimination des « traîtres ».
Deux branches politiques se partagent la propagande, le recrutement, l'instruction, les finances et la coopération existent : l'A'Alam et la Dawa. Très actives dans les zones occupées – en particulier dans la ville d'Hébron – et dans la bande de Gaza, elles tendent à supplanter les représentants de l'OLP dont beaucoup de dirigeants sont considérés comme totalement corrompus par la population.
Le Hamas est actuellement soutenu financièrement par l'Arabie saoudite, l'Iran, de nombreux pays musulmans et des organisations musulmanes et arabes comme l'Islamic Relief Association. Des ONG occidentales participent également à son financement, via des associations charitables.
Bien qu'il soit considéré comme un mouvement infréquentable par Washington et que l'Union européenne l'ait inscrit sur la « liste noire » du terrorisme, le Hamas qui exclut toute négociation avec Israël et réclame la création d'un Etat islamique palestinien allant de la mer (Méditerranée) au Jourdain, a néanmoins fait part de son intention de participer à l'élection du Conseil législatif palestinien (CLP). Il y est encouragé par son succès aux élections municipales partielles de décembre 2004-janvier 2005 en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Lors de la deuxième phase des élections municipales de mai 2005, il a remporté 34% des sièges contre 55% pour le Fatah. Ce tassement est nuancé par le fait qu'il a obtenu la majorité dans les grandes villes.
Le Djihad islamique palestinien (DIP)
Le Harakat al-Djihad al-Islami al-Filastini, issu comme le Hamas des Frères musulmans, est un mouvement sunnite créé en 1981 par des étudiants de l'Université islamique de Gaza, emmenés par le cheikh Assad Bayoub Al-Tamini aujourd'hui emprisonné en Israël. Ce dernier reste, malgré son incarcération, le leader spirituel du DIP. Sous la pression internationale, son secrétaire général, le docteur Ramadan Abdallah Shallah 3 , a dû quitter Damas pour le Qatar en 2004. L'objectif de ce mouvement très violent est la destruction d'Israël et la création d'une Palestine islamique. Ses quelques centaines d'activistes ont été rejoints par des dizaines de Chiites.
Très actif dans la bande de Gaza 4 et dans les villes les plus radicales de Cisjordanie (Naplouse et Jénine), le DIP a été le premier mouvement à se livrer à des attentats suicide après le début de la deuxième Intifada à travers son bras armé : les « Brigades de Jérusalem ».
Ayant des bureaux à Amman, le DIP entretient sur le terrain, des relations opérationnelles étroites avec le Hamas. Il est soutenu directement par le Hezbollah libanais et par Téhéran qui fournit des moyens logistiques et des facilités en Iran même. Contrairement aux autres mouvements palestiniens, le DIP ne se livre pas à des actions politico-sociales destinées à gagner le soutien populaire. D'ailleurs, il ne participera pas aux élections législatives.
Jund Allah (les Brigades d'Allah)
En mai 2005, les Israéliens ont fait état de l'apparition d'un nouveau groupe qui dépendrait d'Al-Qaeda au sud de la bande de Gaza. Jund Allah regrouperait des activistes radicaux qui auraient quitté le Hamas et le Djihad islamique palestinien car ils refusent toute idée de cessez-le-feu. Ils auraient commis leur première attaque à Rafah à la mi-mai. Al-Qaeda aurait apporté son aide financière à ce nouveau mouvement. Des groupes extrémistes apparaissent toujours lors des périodes d'accalmie entre Israël et les Palestiniens. La création de ce mouvement n'est donc pas surprenante en soi. Ce qui l'est plus, c'est les liens qui l'uniraient à Al-Qaeda qui, jusqu'à aujourd'hui, n'avait jamais réussi à s'implanter dans la zone.
Les Etats voisins
L'Iran
L'Iran est aujourd'hui l'ennemi conventionnel numéro un d'Israël. Cela n'a pas toujours été le cas puisque, lors de la toute puissance de Saddam Hussein, l'Irak était considéré par l'Etat hébreu comme l'adversaire le plus redoutable. C'est pour cette raison que lors du conflit Iran-Irak, Israël a discrètement approvisionné le régime des mollahs en pièces de rechanges militaires d'origine américaine. En effet, un embargo décrété par l'ONU empêchait Téhéran d'entretenir ses armements, particulièrement ceux de l'armée de l'air, exclusivement composés à l'époque de matériels américains. L'Irak a également été l'objet d'une guerre secrète et d'opérations conventionnelles pour détruire son potentiel nucléaire qui était considéré comme particulièrement dangereux. Bagdad ne constituant plus aujourd'hui une menace crédible à moyen terme, Téhéran a regagné sa première place en tant qu'adversaire potentiel d'Israel.
Si la menace conventionnelle représentée par l'Etat iranien reste improbable étant donné l'éloignement géographique des deux pays, d'autres restent d'actualité.
La première est la menace RNBC et en particulier nucléaire. En effet, Israël craint que l'Iran ne se dote à court ou moyen terme d'une capacité nucléaire pouvant menacer directement l'Etat hébreu. Si la réalisation d'armes nucléaires par Téhéran est aujourd'hui très surveillée par les pays occidentaux, les vecteurs capables d'emporter de telles charges semblent être déjà opérationnels. En effet, l'Iran développe des missiles sol-sol comme le Shahab-3 d'une portée de 1 300 à 1 500 kilomètres, aptes à emporter une charge utile d'une tonne. A terme, Téhéran devrait posséder 150 missiles de ce type. C'est un dérivé du Nodong-1 construit par la Corée du Nord avec des financements iraniens. Selon Téhéran, un autre programme aurait été abandonné. Celui du Shahab-4 d'une portée de 2.000 kilomètres. Mais quel crédit accorder à ces déclarations ? Surtout que l'on a appris, au début 2005, que douze missiles de croisière avaient été illégalement acquis en Ukraine au début des années 2000. Ils seraient capables d'emporter des charges nucléaires sur une distance d'environ 3 000 kilomètres. Dans ces deux derniers cas, non seulement Israël peut être atteint (comme par les Shahab-3), mais aussi toute l'Europe occidentale et la Russie !
Parallèlement à cette menace apocalyptique, Téhéran soutient depuis des dizaines d'années des mouvements terroristes qui s'attaquent à Israël quasi quotidiennement. Le plus important est le Hezbollah libanais suivi par le Hamas et le Djihad islamique.
La Syrie
La Syrie a longtemps été l'ennemi juré d'Israël. Cependant, ses capacités d'action sont aujourd'hui sérieusement entamées. Ainsi, après la résolution 1559 de l'ONU du 2 septembre 2004, elle a été mise en demeure d'évacuer le Libanet a du s'executer. Damas est cependant accusée d'avoir fait assassiner Rafik Hariri, l'ancien Premier ministre libanais, qui soutenait la résolution du Conseil de sécurité. Certaines sources soutiennent que la Syrie aide toujours le Hezbollah libanais dans sa lutte contre l'Etat hébreu et aurait même supplanté Téhéran dans ce soutien. Damas apporte effectivement son aide financière et offre des facilités logistiques importantes, depuis des dizaines d'années, à tous les mouvements terroristes engagés dans le combat contre Israël. Par contre, son aide financière diminue d'année en année du fait de ses difficultés économiques. La pression internationale et la situation intérieure, pour le moins chaotique, obligent également Bachar El Assad à plus de retenue dans le soutien apporté aux terroristes internationalistes. Ainsi, les bureaux du Hamas et du Djihad islamique ont-ils dû quitter Damas pour le Qatar. Au plan conventionnel, l'Etat syrien ne représente plus une menace sérieuse pour Israël. En effet, ses armements, qui datent de l'époque de l'URSS, sont désormais obsolètes, mal entretenus – faute de pièces de rechange – et les personnels qui les servent ne bénéficient plus de l'entraînement nécessaire.
Le Hezbollah (le Parti de Dieu)
Le Hezbollah est un mouvement islamique chiite est créé en 1982 au Liban par le cheikh Fadlallah sous la houlette de Téhéran. Le 11 novembre 1982, le Hezbollah revendique son premier attentat suicide contre le QG des forces israéliennes à Tyr (141 morts). Le 18 avril 1983, une voiture piégée fait 64 morts autour de l'ambassade des Etats-Unis à Beyrouth. Le 23 octobre 1983, deux attentats du même type visent les Français et les Américains de la Force Multinationale dans la capitale libanaise : 58 Français et 241 Marines sont tués. Ces opérations terroristes sont alors revendiquées par un « Djihad islamique » (à ne pas confondre avec le DIP) qui n'est qu'une couverture pour le Hezbollah. Après les accords de Taef signés le 22 octobre 1989 en Arabie saoudite sous la pression de Damas, le Hezbollah devient un acteur socio-politique majeur de la politique libanaise tout en conservant ses armes 5 . Le 6 septembre 1992, il obtient 8 sièges au parlement libanais (sur un total de 128) 6 . Parallèlement à la guerre que cette organisation mène contre Israël, elle se livre à de nombreuses actions sociales, palliant les carences de l'Etat libanais dans ce domaine. Cette manière d'opérer est fondamentale pour tous les mouvements islamiques dans le monde et leur permet généralement d'obtenir un large soutien populaire au sein des classes les plus défavorisées. Les œuvres sociales du mouvement sont animées par des organisations qu'il dirige : Al-Chahid, la fondation Jihad Al-Bina, l'association Al-Emdad, l'hôpital de Bint Jbeil où les opérations chirurgicales coûtent deux fois moins cher que dans les établissements publics libanais, etc. Depuis avril 2001, le Hezbollah est inscrit par Washington sur la liste des organisations terroristes. Le 14 mars 2005, des centaines de milliers de personnes manifestent à l'appel du Hezbollah à Beyrouth pour protester contre l'évacuation des forces syriennes suite à la résolution 1559 de l'ONU.
Le commandement direct est assuré par le secrétaire général, le cheikh Hassan Nassrallah qui a comme vice-secrétaire général le cheikh Nayim Kassem. Hassan Nassrallah est auréolé d'un grand prestige car il est considéré comme celui qui a « vaincu Israël » en forçant ses forces à se replier du Sud-Liban, en mai 2000, et qui a réussi à faire libérer 436 prisonniers en échange d'un civil israélien et des dépouilles de trois soldats le 29 janvier 2004. Cependant, il semble que ce religieux formé à Qom en Iran, bien qu'il haïsse profondément les juifs, n'apprécie guère les Palestiniens jugés comme responsables des interventions militaires de l'Etat hébreu au Liban. Même les Chrétiens libanais reconnaissent aujourd'hui son charisme personnel.
La branche renseignement et actions spéciales (terrorisme) appelée "l'Appareil de sécurité spéciale" (ASS) est dirigée par Imad Fayez Moughniyeh 7 . C'est l'ASS qui supervise la chaîne de télévision Al Manar dirigée par Ahmad Ammar arrêté par l'armée israélienne alors qu'il tentait d'effectuer une opération suicide à Meiss al-Jabal en 1986 et libéré en 2000.
L'appareil politico-militaire installé au Liban-Sud est dirigé par le cheikh Nabil Qaouk. Ses forces sont estimées à d'environ 10 000 activistes assistés et instruits par les Pasdarans iraniens, qui ont leur QG dans la région de Baalbek. Nabil Qaouk a également autorité sur les forces libanaises présentes dans la région en raison des accords de Taef. Beyrouth et ses environs sont placés directement sous la responsabilité du cheikh Nassrallah, assisté pour les « opérations spéciales » du cheikh Al-Amin. La vallée de la Bekaa est sous l'autorité d'Hajj Hussein al-Khalil, secondé par Moustafa Mahmoud Mahdi. Al-Khalil est plus particulièrement chargé des liaisons avec Damas. Les relations avec Téhéran sont assurées par Hussein al-Mousawi et Khalil Harb. Un responsable important est Moustapha Badreddine, jugé proche de Téhéran. Il a en charge le contre-espionnage du Hezbollah.
Au Sud-Liban, le Hezbollah est concurrencé par le parti Amal de Nabih Berri. Il est également présent en Cisjordanie, en Afrique – particulièrement en Libye – en Amérique du Nord et du sud (Paraguay, Colombie) et en Asie. A noter qu'un mouvement s'appelant « Ansar Allah », qui est vraisemblablement une de ses émanations, a mené des actions terroristes au Panama et en Argentine en 1994.
Le Hezbollah représente deux risques majeurs pour Israël. En premier lieu, un risque terroriste classique avec un emploi intensif des kamikazes de la « résistance islamique », le bras armé du mouvement. Ces militants sont rompus à toutes les techniques se rapportant à leur mission par de longues années d'expérience. En second lieu, un risque militaire puisque le Hezbollah menace le nord de l'Etat hébreux avec ses mortiers et surtout, selon un rapport de l'International Crisis Group (ICG), avec environ 10 000 missiles d'une portée de 75 kilomètres. A la connaissance des experts, ces armements ne sont actuellement équipés que de têtes classiques, mais pourraient être dotés d'armes chimiques.
- 1A l'époque, l'OLP regroupe aussi en son sein le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP) de Nayef Hawatmeh et le FPLP de Georges Habache.
- 2Il avait lui-même négocié avec le Premier ministre Ariel Sharon un cessez-le-feu le 8 février 2005.
- 3Il a remplacé Fathi Shaqaqi abattu à Malte le 26 octobre 1995, vraisemblablement par des agents du Mossad
- 4Son chef de zone est Mohamed Al-Hindi ,assisté du cheikh Abdullah Shami et de Nafez Azzam
- 5A la différence des autres milices qui sont désarmées, du moins en partie.
- 6En 2005, il compe 12 députés qui forment le « groupe de la fidélité à la résistance ».
- 7Sa tête est mise à prix par Washington pour 25 millions de dollars comme Ussama Ben Laden.