La Somalie renforce son rôle au sein de la mouvance terroriste internationale
Alain CHARRET
Si toute la presse occidentale a largement couvert la tentative d'attentat contre un avion de la North West Airlines le jour de Noël, il est un fait qui pourrait y être étroitement lié et qui pourtant est presque passé inaperçu. En effet, en novembre 2009, à l'aéroport de Mogadiscio, un Somalien a été interpellé par des membres de la Force de maintien de la paix de l'Union africaine alors qu'il s'apprêtait à monter à bord d'un avion de la compagnie Daallo Airlines, à destination de Dubaï, via Hargeisa et Djibouti. L'individu en question, dont l'identité exacte n'a pas été révélée, était en possession d'un produit chimique liquide non identifié et d'une seringue. Selon un porte-parole de la Force de l'Union africaine, la substance en question s'est révélée être un explosif.
Les similitudes entre cet indicent et la méthode utilisée par Umar Farouk Abdulmutallab à bord du vol 253 de la North West Airlines, ne peuvent être ignorées. D'ailleurs un échantillon de l'explosif a été envoyé en Grande-Bretagne à des fins d'analyses et des enquêteurs américains s'intéresseraient de très près à ce cas.
Si pour le moment il n'a pu être établi que le terroriste somalien présumé appartenait de près ou de loin à la mouvance Al-Qaïda, on ne peut que faire le rapprochement avec les activités du groupe somalien Al-Shabaab qui tend de plus en plus à internationaliser ses actions.
D'ailleurs ce mouvement vient d'annoncer avoir envoyé des renforts au Yémen pour lutter aux côtés des militants présumés d'Al-Qaïda. Le Yémen, qui selon les experts, se trouve maintenant au centre de la mouvance terroriste internationale. En raison de sa situation géographique, il doit en effet faire face régulièrement à un afflux de réfugiés fuyant le chaos somalien. Il paraît évident qu'au milieu de ces réfugiés figurent vraisemblablement des sympathisants, voire des membres actifs, d'Al-Shabaab.
Ce mouvement ne limite pas son action aux pays limitrophes de la Somalie. Preuve en est la tentative d'attentat dont a été victime, le 1er janvier 2010, Kurt Westergaard, un des dessinateurs danois ayant caricaturé le prophète Mahomet. Sous protection policière depuis l'affaire des caricatures controversées, il doit son salut à l'intervention rapide de la police danoise qui a blessé le terroriste présumé avant de l'interpeller. Il s'avère qu'il s'agit d'un Somalien de 28 ans lié à Al-Shabaab.
Même si elle n'est pas directement liée au terrorisme, la piraterie maritime qui sévit au large des côtes somaliennes a également des répercussions sur le plan international. Outre les conséquences déjà connues sur le trafic maritime, il en est une autre assez inattendue la une flambée des prix de l'immobilier au Kenya. Elle serait tout simplement dûe aux rançons touchées par les pirates, les fonds ainsi récoltés seraient blanchis et réinvestis dans l'immobilier kenyan. Le Kenya ne serait pas le seul pays à bénéficier de l'argent des pirates. Djibouti et Dubaï seraient également concernés.