L’Equateur, pays de tous les dangers
Alain RODIER
La situation sécuritaire en Equateur est en train de se dégrader considérablement. Cela est du à l'augmentation des activités de la pègre locale, au voisinage de la Colombie – dont les narco-terroristes profitent de plus en plus de la zone frontalière pour se mettre à l'abri des coups portés par les forces de sécurité du président Alvaro Uribe – et à la réapparition de groupes marxistes activistes qui avaient cessé leurs actions dans les années 1980.
La criminalité locale
Depuis janvier 2005, dans la seule ville côtière de Guayaquil, située au sud-est du pays, 286 « kidnappings express » ont été recensés par la police. Cette technique consiste à enlever pendant quelques heures une personne et à l'obliger, sous la contrainte, à fournir tout l'argent qu'elle peut en utilisant notamment ses cartes de crédits. Si la victime oppose la moindre résistance, elle est assassinée sur place. Les autorités ne possèdent actuellement pas de chiffres exacts concernant les délits de ce type sur l'ensemble du territoire. Cependant, les chiffres qui peuvent être avancés sont largement sous-évalués car nombre de victimes ne veulent pas porter plainte par peur des représailles.
Le 19 août 2005, la police colombienne a annoncé avoir saisi quatre millions de faux billets américains lors de raids menés à Bogota, Medellin et Virginia. Selon les autorités colombiennes, cette fausse monnaie était principalement destinée à l'Equateur qui utilise le dollar comme monnaie officielle.
L'ambassade américaine a noté une recrudescence des attaques crapuleuses commises, la plupart du temps, à l'aide de couteaux ou d'armes de poing. Elle a demandé à ses ressortissants d'être d'une extrême prudence, d'autant qu'au moins dix Américains ont été enlevés dans le pays depuis 1998, dont un assassiné en 2001. Les grands centres urbains et les campagnes sont à éviter. La région frontalière avec la Colombie est quasi interdite. En règle générale, les transports en commun, particulièrement les autobus assurant les liaisons entre les grandes villes, font souvent l'objet d'attaques de bandits de grands chemins qui détroussent les voyageurs.
Les narco-terroristes colombiens
Les Forces armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) sont très actives dans la région nord de l'Equateur, s'y livrant à une de leurs activités favorites : l'enlèvement contre rançon. Ainsi, Emilio Mettler, un citoyen possédant la double nationalité équatorienne et suisse, a été enlevé en avril 2004 par un groupe crapuleux local et « vendu » aux FARC qui ont ensuite négocié sa libération. L'homme d'affaires équatorien Luis Heran Posso n'a pas eu cette chance. Enlevé en mars 2005 , une rançon de 500 000 dollars était exigée. Son corps a été retrouvé le 20 août près de la ville frontalière de Tulcan.
Le 22 septembre 2005, les forces armées équatoriennes ont détruit une base des FARC dans la province de Sucumbios, située au nord-est du pays. Lors de cette opération, un laboratoire de transformation de coca et de la drogue ont également été saisies. Une lettre destinée aux forces armées équatoriennes a également été trouvée sur place. Dans cette dernière, les FARC menacent de s'attaquer aux forces de sécurité locales si elles interviennent dans la lutte engagée par le président colombien Uribe contre leur mouvement. C'est le cas puisque les Equatoriens ont capturé lors de la même opération, Marcial Campana, le responsable financier du "48e Front". Déjà, en Janvier 2004, Ricardo Palmera – alias Simon Trinidad – avait été arrêté à Quito. Cet ancien économiste diplômé de la prestigieuse université de Harvard et ancien banquier, commandait le « Bloc Caraïbes ». Il était considéré comme le numéro quatre dans la hiérarchie des FARC. Après avoir été livré à Bogota, il a été extradé vers les Etats-Unis fin décembre 2004 sous l'inculpation de trafic de drogue.
D'autre membres des FARC, moins importants, ont également été appréhendé à Quito. Ainsi, le 12 juillet 2005, deux activistes qui étaient soignés pour blessures par balles ont été arrêtés dans un hôpital de la capitale. Déjà en février de la même année, huit membres du même mouvement étaient appréhendés à Quito alors qu'ils subissaient un traitement médical. Dans le cadre de cette affaire, deux maisons étaient perquisitionnées et sept Equatoriens dont le docteur Jorge Jarrin étaient arrêtés.
Les mouvements marxistes
Les guérillas marxistes colombiennes qui avaient disparu dans les années 80, font actuellement leur réapparition. C'est le cas de l'Armée de Libération Alfariste (ELA) qui serait une descendance du groupe Alfaro Vive Carajo. Ce mouvement serait actuellement fort de 200 combattants.
Un autre mouvement, baptisé les Forces de libération de l'Equateur proche de l'ELN (Armée de libération nationale colombienne) a fait son apparition en août 2005. Pour le moment, ces nouveaux révolutionnaires se contentent d'effectuer des attentats à l'aide de petites bombes, notamment à Quito, Guayaquil et Cuenca. Les cibles ont été un restaurant McDonald à Guayaquil, une représentation d'une compagnie aérienne américaine à Quito et différents bâtiments gouvernementaux.
Pays de transit de la cocaïne colombienne et péruvienne, lieu privilégié pour le blanchiment de l'argent en raison de la faiblesse des contrôles financiers, l'Equateur devient chaque jour davantage un pays dangereux, pour les étrangers comme pour ses nationaux.