Colombie qui dirige le cartel del Norte del Valle?
Alain RODIER
Suite à l'arrestation et l'extradition vers les Etats-Unis de Diego Leon Montoya Sanchez – alias Don Diego – en septembre 2007, puis à l'assassinat de son rival Wilber Alirio Varela au Venezuela le 29 janvier 2008, une lutte pour le contrôle du Cartel del Norte del Valle, l'organisation criminelle transnationale (OCT) la plus puissante de Colombie, semble être engagée. Cette OCT est un amalgame de plusieurs clans qui généralement coopèrent, mais parfois se combattent, dans le but de se partager les profits financiers liés au trafic de la cocaïne. Deux principaux camps se distinguent, eux-mêmes secoués par des luttes internes.
Le camp de Don Diego Montoya
Le camp de Diego Montoya est le plus puissant. Très structuré, ayant une grande expérience du trafic international de la cocaïne et possédant des filières importantes de blanchiment des profits financiers générés par ce commerce illicite, ses différents responsables se jaugent actuellement pour savoir qui va être le nouveau leader. Ce round d'observation peut déboucher sur un accord global ou sur une guerre interne fratricide.
La personnalité la plus importante est Carlos Alberto Renteria Mantilla alias Beto Renteria, âgé de 63 ans.
Sa tête est mise à prix 5 millions de dollars par les Américains. Il a développé un important réseau de blanchiment d'argent sale qui passe par des sociétés agro-alimentaires, médico-pharmaceutiques et même par le club de football professionnel Cortulua qui évolue en deuxième division colombienne. Renteria a son propre clan qui se charge de recueillir et d'acheminer la coca, de soudoyer des fonctionnaires et parfois, d'éliminer les gêneurs. Les autorités policières pensent que Renteria a les capacités de prendre peu à peu le contrôle du camp Montoya puis, si la chance lui sourit, de l'ensemble du Cartel del Norte del Valle. Pour cela, il faut qu'il reste en vie ou ne se fasse pas arrêter suite à une dénonciation anonyme.
En effet, ses concurrents sont nombreux. Tout d'abord, il y a Jorge Ivan Urdinola Perea dit l'Iguane. Âgé de 42 ans, il est à la tête de la très puissante garde prétorienne de Montoya appelée « los Machos ». C'est peut-être lui qui aurait commandité l'assassinat de Varela pour venger l'arrestation de son patron. Il est vraisemblable qu'il représente aujourd'hui les intérêts de Montoya qui, depuis sa prison américaine, peut encore faire passer ses directives à l'extérieur. Il semble qu'il ait le soutien d'Oscar Varela Garcia alias Capachivo (54 ans), qui, quoique étant un ancien ami de Varela, s'est résolument rangé aux côtés de Don Diego.
Enfin, l'ancien guérillero des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) Gildardo Rodriguez Herrera alias Camisa Roja (39 ans) pourrait jouer les troubles fêtes en s'appuyant sur ses anciens amis politico-mafieux.
Le camp de feu Varela
Le camp de feu Varela est plus dispersé. Cela est principalement dû au fait qu'il n'est pas basé sur une organisation de forme pyramidale. En effet, Varela avait de multiples adjoints spécialisés (finances, branche armée, garde rapprochée, coordination du trafic de drogue, etc.), mais il dirigeait tout lui-même, n'ayant pas de second. C'est vraisemblablement ce qui a causé sa perte car, selon les enquêteurs, il aurait été assassiné par des proches qui souhaitaient nouer de nouvelles alliances avec l'Iguane du camp Montoya. En effet, les autorités soupçonnent fortement Luis Enrique Calle Serna – alias Combatiente (31 ans)- ou Combo et Diego Pérez Henao – alias Diego Rastrojo (33 ans) – d'avoir criblé de balles Varela et son garde du corps dans sa chambre d'un complexe touristique à Merida au Venezuela.
Luis Enrique Calle Serna et Diego Pérez Henao
Calle Serna qui dirigeait avec ses frères Javier Antonio et Juan Carlos, toutes les activités de trafic de drogue vers l'étranger. Henao était le chef de la garde prétorienne de Varela : « Los Rastrojos »1. Si l'alliance avec l'Iguane se confirme, il est possible qu'elle s'oppose directement aux ambitions de Renteria du camp de Don Diego. Dans le monde criminel, les alliés d'hier peuvent être les ennemis de demain et inversement !
Un autre homme d'importance de l'ex-camp Varela pourrait faire valoir ses droits : Jaime Alberto Marin Zamora. En effet, en tant que financier du mouvement, il entretient de nombreuses relations d'importance. Il est épaulé par German Gomez Orrego, Jose Ignacio Bedoya et Roberto Londoño, des spécialistes du blanchiment d'argent sale. Leurs possibilités financières peuvent leur accorder les grâces de Julio Cesar Lopez Peña, le chef de l'appareil militaire de Varela.
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Le contrôle du Cartel del Norte del Valle attire de nombreuses convoitises tant ses affaires sont florissantes. En effet, il fournit la plupart de la cocaïne colombienne aux Etats-Unis et à l'Europe où la demande explose depuis plusieurs années au détriment des drogues considérées comme plus « douces ». Dès lors qu'un semblant d'ordre sera rétabli au sein de cette OCT, ses exportations de drogue vers l'étranger, déjà très importantes, vont considérablement augmenter.
- 1 Ce groupe aurait été fondé en 2002 avec 50 anciens paramilitaires des milices d'autodéfense de Colombie (AUC). Ses effectifs auraient atteint le nombre de 600.