Afrique de l’Ouest : Vulnérabilités et facteurs d’insécurité
Alain RODIER
Depuis le début du nouveau siècle, le continent africain est devenu progressivement un nouveau lieu de passage pour différents trafics et en particulier, celui de la cocaïne sud-américaine.
Les trafiquants semblent y trouver leur compte, même si les distances à parcourir pour leurs produits sont plus longues. Leur intérêt réside dans le fait que cette route est beaucoup plus sûre pour rejoindre le continent européen, les côtes atlantiques étant particulièrement bien surveillées. De plus, la traditionnelle route qui démarrait dans les Caraïbes est aussi devenue obsolète.
Cette activité criminelle porte en elle des ferments de déstabilisation qui peuvent être très préjudiciables aux Etats de droit et à leur développement économique et démocratique.
A cela vient s'ajouter la menace représentée par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), mouvement islamique sunnite qui est l'héritier du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien.
Si, jusqu'à présent, aucune preuve formelle n'est venue confirmer l'implication d'AQMI dans le trafic de drogue, il semble qu'une partie de la composante sahélienne du mouvement y est associée, au moins en terme de « protection » de ce commerce illicite.
En effet, cela constitue pour AQMI une nouvelle source de financement qui vient compléter fort à propos les bénéfices tirés des prises d'otages qui sont assez fréquentes au Sahel.
De plus, il a été prouvé à de nombreuses reprises que le trafic de drogue est toujours associé à celui des armes, ce qui ne peut qu'intéresser directement AQMI.
L'origine de la cocaïne
La saturation du marché nord-américain en cocaïne a poussé les narcotrafiquants sud-américains à se tourner vers l'Europe qui se révèle être un marché très rentable.
En effet, si la cocaïne pure ne coûte en Bolivie que 1 800 dollars le kilo et 2 400 dollars en Colombie, elle vaut déjà 8 000 dollars au Mexique, pays non producteur, et est vendue aux alentours de 30 000 dollars aux Etats-Unis et en Europe. En Afrique, les quelques 50 tonnes de cocaïne qui y entrent annuellement sont négociées aux environs de 18 000 dollars le kilo.
Sur le continent sud-américain, les cartels mexicains ont supplanté leurs homologues colombiens pour le transport et la distribution de la cocaïne vers les Etats-Unis.
En conséquence, les Colombiens, et dans une moindre mesure les Péruviens et les Boliviens, qui cumulent à eux trois la production d'environ 1 000 tonnes de cocaïne pure [1], se sont tournés vers l'Europe en passant principalement par le Venezuela, voire par le Brésil. En effet, les points de départ potentiels vers l'Europe pour ces deux pays sont très nombreux. La corruption des fonctionnaires des douanes, des personnels chargés du fret et des différents contrôles fait le reste.
En outre, des membres des mafias italiennes Cosa Nostra et ‘Ndrangheta s'y seraient installés à demeure, ce qui faciliterait les contacts entre organisations criminelles.
Les plus importantes organisations criminelles colombiennes qui se livrent aujourd'hui au trafic de drogue sont le Cartel del Norte del Valle – dirigé par Carlos Alberto Rentero Mantilla -, les trois sous-groupes Los Aguillas Negras de Vicente Castaño [2], l 'Ejercito Revolucionario Popular Antisubversivo de Colombia (ERPAC) de Pedro Oliveiro Guerrero Castillo et de Daniel Barrera, Los Rastrojos de Luis Enrique Calle Serna – alias Comba – et le Cartel de la Costa . Les mouvements marxistes FARC [3] et ELN [4] viennent s'ajouter à cette liste car le trafic de drogue est devenu leur principale source de financement. En effet, suite à l'effondrement de l'empire soviétique, ces mouvements insurrectionnels qui ne recevaient plus de subsides de Moscou ont trouvé cette alternative pour subvenir à leurs besoins. La problématique est la même au Pérou où le "Sentier Rouge" a pris la succession du "Sentier Lumineux".
Les routes de la cocaïne
Depuis une petite dizaine d'années, une des routes que les trafiquants considèrent comme la plus « sûre » vers l'Europe passe par l'Afrique de l'Ouest. En effet, les Caraïbes et les côtes ouest de l'Europe sont de plus en plus surveillées. Les Colombiens préfèrent donc emprunter ce qu'ils appellent « l'autoroute 10 » ( Interstate 10 ) qui suit approximativement le 10e parallèle.
Ainsi, 40% [5] de la cocaïne sud-américaine rejoindrait l'Europe de l'Ouest [6] par cette route tous les ans. Si le voyage coûte plus cher, les pertes dues aux saisies ont considérablement diminué, ce qui a largement amorti les surcoûts occasionnés par l'allongement du trajet et l'augmentation des délais de livraison.
Afin de monter les « réseaux africains », des Sud-Américains se sont installés à demeure sur le continent noir en montant des sociétés écrans, ayant pour couverture l'import-export, la pisciculture, la pêche, le tourisme, la construction, etc. Ils apparaissent vis-à-vis des autorités locales comme de réels entrepreneurs qui viennent investir, dans la mesure où celles-ci ne sont pas trop regardantes sur l'origine des fonds. Parfois, certains représentants des cartels ont épousé des autochtones, ce qui a encore facilité leur intégration. Toutefois, le plus souvent, le transport africain est sous-traité localement.
Les moyens de transport
Fin novembre 2009, les autorités maliennes annonçaient avoir retrouvé les restes d'un Boeing 727 démembré et calciné sur la piste de fortune de Sinkrebaka, un lieu désertique situé à 200 kilomètres au nord de Gao. L'enquête qui s'en est suivie a prouvé que cet avion venait de l'Etat de Zulia, au Venezuela, et avait vraisemblablement effectué une escale pour se ravitailler en carburant en Guinée-Bissau – où il s'était fait immatriculer préalablement – puis avait été détruit volontairement au sol. Différents témoignages ont fait état du transbordement de sa cargaison à bord de véhicules tout terrain immatriculés au Niger. Il semble que le Boeing transportait de la cocaïne et des armes en provenance de Colombie via le Venezuela et que la cargaison est repartie vers le Niger.
Un tel cas n'est pas isolé :
- Le 25 janvier 2010, un avion-cargo avec un équipage sud-américain atterrit à Méma au Mali. Six véhicules 4X4 effectuent quatre rotations pour transborder 250 fûts vraisemblablement remplis de cocaïne. L'avion repart le lendemain sans avoir été inquiété par les autorités…
- Le 6 février, un avion piloté par quatre Sud-Américains se pose dans le cercle de Kita, dans la région de Kayes, à 360 kilomètres à l'ouest de Tombouctou. Il aurait transporté 4 tonnes de cocaïne.
- Le 9 février, un appareil du même type se serait posé à Aïn In Esséri, à 300 kilomètres au sud-est de Tinzaouaten à la frontière du Niger.
Comme ces exemples le démontrent, les trafiquants n'hésitent plus à utiliser des avions de grande capacité pour transporter de la drogue en quantité importante. Toutefois, ils continuent aussi à utiliser des avions d'affaires de taille plus modeste comme cela a souvent été le cas vers la Guinée-Bissau par le passé. Il est cependant important de souligner que la majorité de la marchandise utilise toujours la voie maritime.
Dans ce dernier cas, les moyens employés sont divers : cargos, voiliers, bateaux de pêche, etc.
Cette drogue aborde alors le continent africain le plus souvent par les côtes de Guinée Bissau, de Guinée Conakry, du Sénégal, du Ghana, du Cap Vert, de Gambie et de Mauritanie. Une plus petite partie de marchandise utiliserait la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo, le Togo, le Libéria et le Sierra Leone. La marchandise est généralement transbordée à bord de petites embarcations pour rejoindre des points de débarquement discrets sur la côte.
La cocaïne ayant pour destination finale l'Europe, le Sahel joue naturellement – géographie oblige – un rôle prépondérant dans l'acheminement de cette drogue vers l'Europe.
En effet, c'est par cette région désertique et incontrôlée que transiterait la moitié de la cocaïne en provenance d'Amérique latine destinée à approvisionner le continent européen. Il semble que des cartels sud-américains ont pris contact avec des tribus touaregs et des mouvements islamiques afin d'assurer le transfert en sécurité de leur précieuse marchandise. Les principales routes traversent, à l'ouest, le Mali ou la Mauritanie pour rejoindre le Maghreb et, à l'est, la Libye et l'Egypte.
La marchandise est ensuite regroupée dans certaines localités peu contrôlées du Sahel comme celle de Tindouf, située au sud-est de l'Algérie, pour être ensuite acheminée vers l'Europe, soit par moyens aériens, soit par voie terrestre puis maritime. Ce marché nécessite la coopération de nombreux fonctionnaires qui sont achetés. Les contrebandiers qui se chargent d'acheminer la marchandise à travers l'Afrique sont les héritiers des meneurs de caravanes qui faisaient de même dans un lointain passé. Une seule différence notable : certains ont habillé leurs activités d'un discours politique (cf. certaines tribus touaregs, le Front Polisario) ou religieux (une partie d'Al-Qaida au Maghreb islamique).
Une partie de la drogue est acheminée en Europe par des passeurs (les « mules ») qui empruntent les lignes aériennes régulières. Egalement, nombre de migrants clandestins « payent » leur voyage en transportant de la drogue.
Afin de rentabiliser au mieux ce trafic, les contrebandiers y ont ajouté celui des êtres humains (migrants clandestins, prostitution) et la contrebande d'armes, d'ivoire (en provenance du Mozambique, du Cameroun et de Zambie), de cornes de rhinocéros, de cigarettes, de médicaments contrefaits, de pierres précieuses, de pétrole, de déchets toxiques, etc. Pour passer en Europe, ces marchandises empruntent les voies habituellement pour l'acheminement du cannabis sont utilisées.
Les responsables des trafics en Afrique
Les trafiquants qui se chargent du transfert de la drogue à travers le continent africain sont soit des petits groupes disparates, soit des bandes organisées dont les plus importantes sont issues des mafias nigérianes. Ces dernières étendent leur influence jusque sur le continent américain, dans les Caraïbes, en Extrême-orient et en Europe. A noter que de nombreux trafiquants nigérians ont acquis la nationalité ghanéenne et y ont délocalisé leurs activités.
Il existe également des contrebandiers purement sahéliens, les plus connus étant le Marocain Noureddine el-Youbi et l'Algérien Mokhtar Belmoktar.
Un des chefs de la 9e région d'AQMI, Abou Zeid, prélève un « droit de passage » sur les marchandises transitant par la zone où il sévit. Il semble que ces responsables sont aidés par des notables locaux comme ceux des tribus arabes barabiches.
Les trafiquants bénéficient de l'appui d'un certain nombre de fonctionnaires corrompus. A titre d'exemple, au début mars 2010, onze responsables de haut niveau de la police, de l'armée et de l'agence de lutte contre la drogue gambiens ont été arrêtés pour leur participation à ce trafic. L'ancien ministre de la Pêche, le chef de la marine, le chef d'état-major adjoint, le chef de la police et son adjoint et le responsable de la lutte contre la drogue ont été ainsi appréhendés ! Parfois, les plus hauts responsables d'un Etat sont impliqués comme cela a été le cas de la famille du défunt président Lansana Conte de Guinée Conakry, dont des fils sont accusés de trafic de drogue.
Les marchandises sont ensuite récupérées sur les côtes méditerranéennes de l'Europe puis distribuées par les mafias nigérianes, italiennes, albanaises ou originaires des anciens pays de l'Est. Les principaux pays visés sont l'Espagne, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.
Une nouveauté toutefois : une petite partie de la cocaïne acheminée de cette manière est achetée par une riche clientèle résidant dans les pays du Maghreb pour y être consommée sur place.
Enfin, en dehors des structures décrites ci-dessus, un commerce se fait maintenant directement via les bandes des banlieues des grandes métropoles européennes, qui n'hésitent plus à se lancer à l'international de manière à éviter les intermédiaires jugés trop coûteux.
Le « commerce » de la cocaïne représente un risque important pour les économies fragiles d'Afrique. En dehors du pétrole, la cocaïne rapporte plus que tout le reste (deux milliards de dollars en 2008 dont 450 millions de bénéfices pour les trafiquants). Or, les réserves en devises de certains Etats ont connu un accroissement spectaculaire ces dernières années (Guinée Bissau, Guinée Conakry, Gambie, etc.), cet afflux de capitaux ne pouvant provenir que du trafic de drogue. Une inflation record en a été la conséquence directe. Il en est de même pour les fonds renvoyés au pays par les « expatriés » qui ont fortement augmenté, particulièrement en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Nigeria et au Sénégal. Des soupçons pèsent sur l'origine réelle de ces ressources.
De nouveaux intervenants pourraient également changer la donne : les Triades chinoises qui sont présentes au nord et au sud de la Méditerranée. Elles ont déjà en charge la majorité du trafic d'héroïne qui rejoint le continent africain par les côtes orientales avant d'emprunter la « route sahélienne ». Les trafiquants chinois semblent avoir une prédilection pour les compagnies aériennes Ethiopian Airways et Kenya Airways . Ainsi, ce sont 30 à 35 tonnes d'héroïne afghane qui entre en Afrique, principalement via la Somalie, l'Ethiopie et le Kenya. Si la Chine est en train d'« envahir » économiquement l'Afrique, les organisations criminelles chinoises font également partie du voyage.
Des membres de gangs brésiliens auraient également fait leur apparition sur le continent africain.
Le volume de cocaïne saisi depuis trois ans est en diminution. Il n'est pas sûr qu'il faille s'en réjouir. La raison est peut-être que les trafiquants sont devenus plus malins. Ainsi, sept laboratoires de fabrication de cocaïne et d'amphétamines ont été découverts en Guinée, ce qui tendrait à démontrer que l'Afrique est maintenant aussi un lieu de production de drogue (le Maroc est depuis des lustres un des plus gros producteur de cannabis). Les Colombiens peuvent ainsi importer de la coca non raffinée ce qui diminue d'autant les pertes en cas de saisie.
Le cas de la Guinée Bissau
La Guinée Bissau est classée dans la catégorie des narco-Etats par l'Office contre la drogue et le crime des Nations unies car ses dirigeants, y compris au plus haut niveau, sont impliqués dans le trafic de drogue. Lorsque des responsables politiques fraîchement mis en place ont tenté de donner un coup d'arrêt à cette activité, ils ont été écartés comme lors du coup d'Etat qui est intervenu le 1er avril 2010. Il a provoqué le départ du Premier ministre Carlos Gomez Junior et du chef d'état-major des forces armées, le général Jose Zamora Induta. Le président Malam Bacal Sanha a accepté le retour de l'ancien chef d'état-major de la marine – le contre-amiral José Americo Bubo Na Tchuto – et la nomination au poste de chef d'état-major du général Antonio Indjal (l'ancien numéro deux). Les deux hommes sont connus pour leur implication dans le trafic de drogue. L'amiral José Americo Bubu Na Tchuto se comporte comme un parrain de la pègre, n'hésitant pas à menacer les personnes qui pourraient le gêner comme certains journalistes.
S'il n'est pas personnellement partie prenante dans cette activité, le président ne souhaite vraisemblablement pas connaître le sort de son prédécesseur, Jose Bernado Vieira, qui a été purement et simplement assassiné le 2 mars 2009 [7]. Le Premier ministre a repris son poste au grand déplaisir du président qui est à couteaux tirés avec lui. Le général Ibrahim Papa Camara, le chef d'état-major de l'armée de l'air n'a pas été touché. Il faut dire qu'il partage le privilège avec l'amiral Bubo Na Tchuto d'avoir ses biens bloqués par les Etats-Unis pour le détournement de 600 kilos de cocaïne en provenance du Venezuela en 2008 !
Les fonctionnaires de Guinée Bissau sont mal payés, la seule prison de haute sécurité a été détruite en 1998 et n'a jamais été remplacée, la surveillance des frontières terrestres et maritimes est inexistante. Aucune condamnation pour trafic de drogue n'a été prononcée durant ces dernières années. Une partie des élus sont des trafiquants notoires.
La drogue arrive par avion et bateau via l'archipel des Bijagos. Ces îles, dont une partie a été achetée par des narcos, sont équipées de pistes d'atterrissage de fortune datant de la Seconde Guerre mondiale. Même la partie militaire de l'aéroport de Bissau a été le lieu de débarquement de drogue. Des complicités sont achetées à tous les niveaux par les cartels colombiens qui ont également investi dans le secteur immobilier. Une centaine d'entre eux se serait ainsi installée à demeure dans le pays. Depuis 2007, ils y auraient fait construire quelques hôtels de luxe et autres lieux de loisirs.
Exemple d'un cartel colombien implanté en Afrique de l'Ouest
Un cartel colombien agissant en Afrique de l'Ouest a été démantelé par la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine en 2009. Il portait le nom de l'« organisation » et était dirigé par Jesus Eduardo Valencia-Arbelaez, alias « Padre » et « Pat ». Ce dernier avait monté un réseau qui couvrait la Colombie, le Venezuela, la Bolivie, les Etats-Unis, l'Espagne, Chypre, la Hollande, la Guinée Conakry, la Mauritanie et le Mali. Il tentait d'ouvrir un nouveau « bureau » en Roumanie lorsqu'il a été appréhendé et extradé vers les Etats-Unis.
Son représentant pour l'Afrique de l'Ouest était Javier Caro – alias William Zabieh « El Ingenio » – qui a été arrêté au Togo en juin 2009 et également extradé vers les Etats-Unis. Deux de ses hommes, Geraldo Quintana-Perez (alias « El Viejo », « German Qintero ») et Harvey Steven Perez (alias « Miguel ») ont été appréhendés en Sierra Leone en avril 2009. Enfin, Jorge Solano Cortez, un ancien du cartel de Cali a été arrêté en janvier au Togo ou il organisait avec six autres Colombiens, un Sud-Africain, un Ghanéen, deux Togolais, un Costaricien et un Mexicain un transport par avion de 500 kilos de cocaïne.
Le cas de Juan Pablo Rubio Camacho est aussi édifiant. Ce membre avéré des FARC a été impliqué dans des affaires de drogue en 2005 et 2007 en Guinée Bissau.
Al Qaida au Maghreb islamique
AQMI a succédé au Groupe Salafiste pour la prédication et le combat le 25 janvier 2007 en faisant officiellement allégeance à Oussama Ben Laden. Ce groupe insurrectionnel algérien est ainsi devenu un mouvement franchisé d'Al-Qaida. Son objectif déclaré est d'étendre le djihad à l'ensemble du Maghreb en intégrant d'autres groupes islamiques locaux [8]. En fait, sa zone d'action s'est étendue surtout à l'ensemble du Sahel de la Mauritanie en passant par le Mali, le Niger, le Nigeria et le Tchad.
Dirigé par Abdel Malek Droukdel [9], ce mouvement serait fort d'un petit millier d'activistes dont une petite partie serait des étrangers (Libyens, Mauritaniens, Nigériens et Maliens). Des anciens combattants internationalistes, ayant servi en Irak et en Afghanistan, serviraient également dans les rangs d'AQMI.
L'organisation est bâtie autour de cinq « régions militaires » dont la « neuvième » couvre le sud de l'Algérie et le Sahel. Cette dernière est placée sous le commandement de Yahia Djouadi, alias Yahia Abou Amar Etiarti dit l'« Emir du Sahara ». Un de ses hommes les plus fidèles est Abid Hammadou – alias Abdelhamid Abou Zeid – responsable de nombreux enlèvements et de la mort d'un otage britannique [10]. Il est à la tête de la katiba Tareq Ibn Ziyad ou El Fatihine . Parallèlement, il existerait au moins trois autres katibas dépendantes de la 9e région : El Nasr Aflou, Talaia es-Salafia et la Mouhadjiroune . Pour des raisons de sécurité, ces katibas auraient été fractionnées en petites unités appelées Seriyas .
Jusqu'à maintenant, aucun lien formel n'a relié les Organisation criminelles transnationales (OCT) sud-américaines avec AQMI. Il semble que le mouvement djihadiste se contente d'apporter sa « protection » aux différents trafics qui se déroulent au Sahel. En fait, il rackette les contrebandiers. Par contre, Belmoktar semble avoir quitté AQMI pour se livrer à son activité première : la contrebande.
- [1] Si la Colombie reste le premier producteur de cocaïne mondial, sa production serait en diminution avec « seulement » 410 tonnes en 2008 contre 600 tonnes en 2007 et 610 tonnes en 2006. Par contre elle est en augmentation au Pérou (2008 : 302 tonnes, 2007 : 290 tonnes et 2006 : 280 tonnes) et en Bolivie (2008 : 113 tonnes, 2007 : 104 tonnes et 2006 : 94 tonnes).
- [2] Son frère Carlos commandait les milices d'autodéfense d'extrême droite (AUC).
- [3] Forces armées révolutionnaires de Colombie, dirigées par Guillermo Leon Sanchez Vargas, alias Alfonso Cano.
- [4] Armée de libération nationale, commandée par Gustavo Adolfo Giraldo Qinchia.
- [5] Les chiffres varient selon les sources, le taux le plus bas étant de 27% ; le chiffre de 50 tonnes est aussi avancé.
- [6] Ses besoins sont estimés entre 135 et 145 tonnes, bien que les chiffres plus alarmistes de 200 à 300 tonnes sont parfois avancés.
- [7] Il se serait montré trop « gourmand » dans les pourcentages qu'il touchait et surtout, il aurait joué un rôle dans l'assassinat quelques heures auparavant du chef d'état-major des forces armées, le général Tagmé Na Waié.
- [8] AQMI a monté, fin 2009, son site internet de propagande : « l'Institut al Andalous ».
- [9] Début 2010, des rumeurs laissaient entendre qu'il avait été remplacé par Yazid M'barek – alias Abou Youcef el-Annabi – l'ancien responsable du « conseil des notables » du mouvement.
- [10] Deux autres responsables d'AQMI ont participé à des enlèvements : Abou Yaya Hamane et Taleb Abdoulkrim, l'ancien imam de la mosquée nigérienne d'In Hallil.